Entretien de la coque et de la voile

Tiré du "laser Handbook", traduit par Yann Glidic et paru dans la Lettre du Laser n°16

LA COQUE

Jadis, lorsque les stratifiés en fibre de verre moulés firent leur apparition dans le paysage nautique, des rumeurs furent propagées par des constructeurs trop optimistes, soutenant que ce nouveau matériau miraculeux était sans entretien. Bien entendu, nous savons aujourd'hui qu'il n'en est rien.

La spécificté du Laser réside dans le fait que la coque et le pont sont soudés pour former une sorte de coquille creuse, jouant le rôle de réserve de flotabilité naturelle. Il existe par ailleurs des réserves de sécurités constituées par des "Cubitainers" enfermés dans le volume de la coque. Tous les Laser avant le n°14000 étaient équipé de blocs de mousse, enfermés dans des sacs en plastiques. Ces deux méthodes apportent approximativement la même capacité de flotabilité (200 kg) (encore aujourd'hui, les bateaux vendus en France possèdent des blocs de polystyrène indéformables, conformément à la règlementation. (?)).

Les soins à apporter au Laser sont très réduits, mais quelques précautions sont à prendre, car une coque de Laser ne peut être classée "tous usages". Bien que le stratifié polyester soit, par nature, un matériau solide et durable, il est exposé à des agressions physiques et chimiques.

Les dommages causés au gelcoat (la fine couche extérieure colorée) sont les plus visbles et les plus faciles à réparer. La lumière du soleil (rayons ultra-violets) est l'un des premiers éléments attaquant un bateau neuf. Le principal symptôme d'un vieillissement dû à la lumière du soleil est le ternissement de la couleur d'origine, qui tend vers un aspect crayeux. Un entretien préventif évitera une décoloration. La meilleure solution est de garer son bateau à l'abri du soleil, ou, à défaut, de le protéger d'un taud, qui prolongera la vie du gelcoat et réduira l'entretien. Si vous ne possédez pas de taud, une bonne couche de cire empêchera l'action du soleil. En fait, même si vous possédez un taud , il est fortement recommandé d'appliquer deux couches de cire claire sur la coque et le pont. Cela préserve l'aspect du bateau et rend son nettoyage plus facile.

Remise en état, réparation et nettoyage

Nettoyage - Le nettoyage d'un bateau en plastique est similaire à celui d'une voiture. L'usage de détergent (ne pas utiliser de produit abrasif, qui raye le bateau) et d'eau tiède, accompagné d'un brossage avc une brosse à chiendent de dureté moyenne, viendra à bout de la plupart des salissures. Un truc : recouvrir le bateau d'une pâte faite de lessive biologique et rincer le lendemain. Pour les taches rebelles, un peu de xylol ou d'acétone sur un chiffon doux fera l'affaire. Attention : ne pas laisser l'acétone en contact avec le gelcoat plus de 30 secondes. En effet, le gelcoat se ramollit quand il est enduit d'une grande quantité d'acétone. Mieux vaut utiliser du xylol.

Restaurer la couleur passée au soleil - il y a plusieurs produits efficaces, conçus spécialement pour cela. Si la remise en état n'est pas trop importante, ces produits feront parfaitement l'affaire. Toutefois, si le gelcoat s'est terni au point de devenir crayeux , un liquide ou une pâte de restauration peut ne pas suffire; il faut alors utiliser des moyens plus radicaux. Premièrement, essayer d'appliquer doucement une pâte à polir, en suivant prudemment les instructions indiquées sur l'étiquette.

Si cela ne marche pas , passer au papier de verre. Commencer avec un abrasif à l'eau de 600, accompagné de beaucoup d'eau et attaquer la couche crayeuse jusqu'à obtenir un gelcoat frais. Gardez à l'esprit que le gelcoat constitue le repas quotidien d'un abrasif neuf ! Attention à ne pas faire de zèle. Ne pas utiliser de papier de verre pour le pont, sous peine de supprimer le gaufrage antidérapant; cela mettrait le bateau hors-jauge. Finir avec l'abrasif le plus fin (1000 si possible), et terminer par un polissage avec une cire fine (genre "Mirror").

Réparations - si vous n'avez pas confiance dans vos comptétences en plasturgie, et si votre Laser a été troué lors d'un abordage, orientez vous vers le réparateur le plus proche. Voici quelques trucs pour les réparations mineures.

Faites proprement, les petites réparation sont simples et bon marché. La connaissance de ces techniques fait partie intégrante de l'activité-voile, au même titre que virer ou empanner. Lisez ce qui suit entièrement et attentivement avant d'attaquer toute intervention.

Rayures - Le plus souvent, on peut les éliminer avec un abrasif à l'eau, puis en polissant la surface abrasée. Des détails supplémentaires sont donnés plus loin.

Raccords à effectuer sur la coque - Les outils nécessaires sont les suivants : un ciseau à bois, une petite spatule de vitrier , de l'abrasif à l'eau (400, 800 et 1000), un seau d'eau, des chiffons propres, du gelcoat, du catalyseur, de la cire à polir (comme du Dursol ou du Mirror), papier de verre (60 et 80), deux batons à remuer le café, du ruban adhésif.

Etape 1 - Avec le ciseau à bois, éliminer tout le gelcoat perdu autour de la pièce. Cela peut ne pas être nécessaire, le vérifier. N'enlever que le matériau perdu.

Etape 2 - Passer le papier de verre autour de la pièce, afin d'obtenir une surface rugueuse.

Etape 3 - Nettoyer la surface à rapiécer au moyen d'un chiffon imbibé d'acétone. Insister pour bien dégraisser.

Etape 4 - Mélanger un peu de gelcoat et de catalyseur. La proportion est de 2 volumes de catalyseur pour 100 volumes de gelcoat (2%).

Etape 5 - Après avoir bien remué le mélange avec le bâton à café, l'appliquer, à l'aide d'une spatule souple, sur la partie endommagée, jusqu'à la recouvrir d'une couche suffisante de gelcoat pour former iune très légère protubérance par rapport à la surface de la coque. Cette protubérance permet de poncer sans requérir, par la suite, un supplément de gelcoat. Attention néanmoins, à bien surfacer la couche déposée : le travail de ponçage en sera limité.

Etape 6 - Laisser le gelcoat polymériser jusqu'à devenir dur (environ 25 à 40 mn suivant la température ambiante). Même si le gelcoat est dur, sa surface sera collante (en effet la résine polyester ne polymérise pas en présence de l'oxygène de l'air). On peut facilement enlever cette couche poisseuse en grattant ou en passant un papier de verre.

Etape 7 - Prendre l'abrasif à l'eau et, tout en le trempant régulèrement dans le seau, poncer le raccord. Commencer par la graduation 400 pour les grosses pièces, puis en s'approchant de la fin, passer au 800 puis 1000. Utiliser une cale de bois pour supporter le papier de verre, afin d'obtenir une surface aussi plane que possible. Ne pas utiliser les doigts, car ils créeront des rainures, visibles dans le résultat final. Vérifier constamment le raccord pendant le ponçage, pour s'assurer de la parfaite planéité. Si une teinte sombre apparait, arrêtez le ponçage : vous atteignez le mat de verre de la coque, et devrez appliquer plus de gelcoat. Le raccord est terminé quand la surface se confond avec la surface non poncée.

Etape 8 - Polir la partie rapiécée avec votre produit à polir (Durol ou Mirror).

Réparation du liston - C'est grosso modo, la même chose que pour la coque. Mettre un ruban adhésif sous la pièce, en la collant sur la moitié de sa largeur, afin de pouvoir la replier ensuite à 90, pour éviter au gelcoat de s'écouler. Appliquer le gelcoat sur la pièce. Replier la moitié du ruban adhésif sur le raccord. Assurez vous que le scotch est tendu juste pour que la réparation soit au même niveau que le reste du liston. Vérifier qu'aucune bulle d'air n'est emprisonnée sous le ruban, sinon la réparation devra être refaite. Attendre la polymérisation, puis éliminer un surplus de gelcoat avec le ciseau à bois, avant de commencer le ponçage, comme cela est expliqué plus haut.

 

LA VOILE

La voile est le moteur de tout voilier. Soin et maintenance de votre voile vous permettra de d'aller de saison en saison de plaisir. La durée de vie de votre voile dépendra de plusieurs facteurs :

1) comment vous la traitez à bord et à terre, 2) combien d'heures d'utilisation dans la brise, 3) le soin apporté dans le stockage.

La voile de Laser est faite de tissu de Dacron. Toute porosité (provoquant des "fuites d'air") des mailles est évitée par l'imprégnation d'une résine sur le tissu (dénommée l'apprêt). la rendant étanche à l'air.

Les facteurs réducteurs de la longévité de la voile sont globalement ceux qui mettent à mal la solidité, la stabilité et l'élasticité du tissu. Quand ces propriétés sont perdues, la forme donnée à la voile par conception est perdue. Si vous n'êtes pas concerné par la régate, votre voile vous fera plusieurs années, même si elle n'a plus sa forme optimale. Le tissu lui-même perdurera aussi longtemps qu'il ne se déchirera pas. Les symptômes du point de rupture d'un tissu à voile en Dacron sont les suivants :

1) le centre de voilure (ou creux) de la voile se déplace graduellement vers le milieu de celle-ci et, 2) l'étirabilité du tissu n'existe plus, et la forme est plus difficile à contrôler avec le cunningham ou le bout de bordure.

Pour le coureur, une voile "fatiguée" a peu de valeur compétitive. D'aucun pensent qu'une voile bien formée est meilleure pour les régates de petit temps. Pour le pratiquant de loisir, cela signifie seulement que la voile semble fatiguée et que la navigation est quelque peu ralentie.

Les pratiquants les plus expérimentés connaissent bien les règles qui prolongent la vie des voiles. Nous les avons listées ci-dessous pour tenir lieu de pense-bête à l'intention des laséristes débutants.

A ne pas faire

Ne bouchonnez pas la voile en un paquet serré. Cela accélère la cassure des fibres. Fourrer une voile, main sur main, dans un petit sac a les mêmes conséquences.

N'essayer pas de repasser, au fer, une voile plissée (par bourrage ou par fourrage). Cela peut non seulement roussir le tissu, mais aussi modifier l'imprégnation de l'apprêt, avec pour conséquence la perte totale de la forme de la voile. Effectivement, la voile peut paraître plus douce après reppassage, mais ce n'est pas recommandé.

Ne laissez pas la voile faseyer (flotter au vent) pendant des heures, au port ou sur la plage, à l'issue d'une sortie. Cela affaiblit les coutures autant que forcer sur le tissu. De plus, cela amène les lattes à sortir de leur gousset.

Ne mettez pas des substances chimiques en contact avec le tissu.

Ne lavez pas la voile en machine ou avec de l'eau chaude.

Ne marquez pas vos numéros de voile avec des marqueurs (c'est interdit par la jauge).

A faire

Pliez la voile après usage. Certains soutiennent que c'est une erreur de reprendre les mêmes plis. Essayez de varier peu à peu les plis à chaque fois . Repliez le rond de bordure , puis pliez votre voile en accordéon (attention de ne pas plier la fenêtre!), de sorte que les plis soient paralèlles à la bordure, puis roulez la sans serrer, afin de la remettre dans son sac.

Rincez la voile régulièrement, en particulier lors de sorties en eau salée. Si vous êtes un habitué des dessalages dans un lac d'eau fraîche et pure, ne tenez pas compte de ce point.

Ne lavez la voile qu'à l'eau froide, avec un savon pour voile ou un détergent doux. Une à deux heures de trempage en bassine, avec un brossage à la brosse à soie souple est tout le nettoyage que l'on peut effectuer.

Gardez un oeil attentif à tous les accidents pouvant survenir à votre voile. Les clous sur le goudron des parkings sont les plus sournois. Le goudron ou l'enduit à bois sur les quais , tiennent une place honorable sur la liste noire des voiles. Un maître voilier m'a dit un jour qu'il n'existe pas de remêde à une voile souillée de goudron (N.B. les laséristes finistériens, confrontés parfois aux dégazages sauvages des cargos en mer d'Iroise et amateurs de bon beurre demi-sel, vous apprendront que le beurre, comme toute graisse, est solvant du goudron rencontré sur les plages; il peut être utilisé avec profit pour décaper les voiles).

Evitez de plier ou de faire raguer la fenêtre de mylar située dans la laize inférieure. Un truc : les fenêtres qui ont subi une abrasion et sont devenues floues peuvent être partiellement restaurées en passant, à l'aide d'un chiffon doux, un nettoyant destiné à l'entretien de la custode des voitures décapotables.