A L’ATTENTION DES NOVICES, DES NON-INITIES , DES NON-COUREURS ET DE TOUT LE MONDE........

Par Pascale Jacqmain
paru dans "la Lettre du Laser"

Aie ! Aie !Aie !Ce coup-ci c’est une femme de coureur qui s’immisce dans les colonnes de votre journal. Il serait temps de voir la régate côté recto ! Je ne causerai point des " régateuses ". Elles sont présentes et c’est très bien. Enfin un sport qui ne soit pas trop macho ! Merci messieurs.

En fait, il est question ici d’ouvrir les yeux à nos chers maris et compagnons sur la manière dont les nanas vivent les régates à travers eux.

Tout d’abord, simple question de repérage : le calendrier. Au départ, ce sont des colonnes avec des chiffres que l’on entoure de rouge afin de signaler des évènements plus ou moins réjouissants : Noël, 1er de l’an, l’anniversaire de l’arrière grand- père, la date où le dentiste vous arrachera une dent de sagesse (mot inconnu des régatiers)... et là-dessus nous superposons " ze " calendrier des régates ! Alors là... les en... nuis commencent... Il n’y a plus beaucoup de place pour le reste, excepté pour " ze " calendrier des entrainements, qui bouche les trous tel du silicone et nous voilà coincées. Heureusement, la " bagatelle " peut encore s’insérer entre deux journées de régates dans la mesure où les manches ont été correctes, afin de ne pas saper le moral de nos chers et tendres, ce qui leur couperait peut-être tout leurs moyens. Et nous voilà toutes étonnées d’apprendre à prier Eole, Neptune, et les autres que nous sommes prêtes à inventer, parce que, quand même, on pense aussi un peu à nous !

Ensuite, il faut ouvrir un nouveau dictionnaire qui se situe entre l’argot et le javanais, et nous apprenons à nous exprimer dans la langue des Grands Loups de mer.

Nous y trouvons :

Toujours est-il qu’ils ne manquent pas d’imagination et il faut bien le reconnaître, nous n’y sommes pas insensibles. Bien sûr, j’en passe et des meilleures. En prenant du galon, vous vous apercevrez que les femmes apportent un soutien psychologique très important. On " en " parle avant pour se mettre en condition. Reléguées une fois de plus au rang de cuisinières, nous servons de soupape de sécurité à une cocotte minute qui bout............ Puis, ils en parlent après, à grands coups de gestes, de hochements de tête, de moulinets avec les bras, de contorsions du bassin, de briffing d’explications ultra techniques (entre eux, car à ce moment précis, nous sommes franchement larguées.) Il faut les voir passer d’un groupe à l’autre de coureurs pour comparer les résultats, " tchatcher  métier "... et comme si cela ne suffisait pas, nous avons le grand bond en arrière... l’heure des réclamations. Et là, surgit le cafard noir de l’école : " M’sieur, M’sieur, il m’a fait ça ! ".... et na ! ! Une voile, une coque et trois bouts de ficelles qui devraient être pliés en 5mn leur prennent deux heures de rangement au titre de l’évacuation psychologique. Et lorsqu’il est question d’évacuation, à la fin, c’est souvent nous qui dégageons. Faudra bien s’y faire ! ! !

Dans le cas où vous trouveriez cet article réaliste, sachez qu’une quinzaine d’années font foi et que je me réserve le droit de vous conter la suite dans un prochain numéro.